Wizardess Heart : les chevaliers mages

Le Royaume de Gedonelune était respecté. On ne pouvait pas réellement décrire autrement sa place dans le monde actuel. Son développement technologique n'était peut-être pas le plus avancé qui soit, les campagnes restaient très écartées par rapport à cette évolution et seules les villes principales pouvaient vraiment en profiter. Mais Les dirigeants de Gedonelune, au travers des âges, furent les plus sages et respectables qui soient. Du moins ainsi est-ce raconté depuis la légende du Roi Dragon. Connu pour sa sagesse incommensurable et son grand cœur, il est dit dans les contes qu'il était devenu ami avec un majestueux Dragon, lequel lui offrit son aide et sa fidélité, et ce jusqu'à son dernier souffle. La sépulture de ce vaillant combattant qui partagea la création et l'évolution du Royaume actuel avec son souverain se trouverait cachée dans une tour enchantée, au cœur d'une forêt maudite, protégée par trois grands mages aux identités méconnues. Ainsi que l'aurait souhaité le Roi, ses trois plus proches conseillers et guerriers avaient donné leur destin à la protection de ce tombeau et de l'île où celui-ci se trouvait, et jurèrent que leurs successeurs seraient choisis parmi les plus grands mages existants, afin que jamais ce lieu sacré ne soit souillé.

Sur l'île qui éloignait la forêt interdite du reste du pays, dit-on, fut fondée une académie militaire afin de former et sélectionner les meilleurs sorciers de tout Gedonelune, et au delà. L'académie qui portait également le nom du pays mena ainsi au sommet nombre de chevaliers mages, l'élite du royaume, destinés à protéger le Roi et le Pays, faisant de ce royaume l'un des plus paisible qui fut. C'était un grand honneur, encore aujourd'hui, des siècles après l'Histoire, que d'intégrer cette académie qui ouvrait toutes les portes. Tous sorciers rêvaient d'un jour recevoir la lettre d'acceptation qui devait leur ouvrir les portes de l'île de Gedonelune et de ses mystères, de l'école tenue par des professeurs mages certifiés, et à terme tous les postes dont un mage pouvait rêver, que ce fut un poste au Magistère, en tant que professeur à Gedonelune, ou même, pour les plus aguerris, parmi les Chevaliers Mages qui entouraient le Roi actuel.

« Monsieur le Principal ! »

Un homme entra dans la pièce, la mine sombre et l'air sévère. Il était difficile de réellement pouvoir décrire son expression : son visage était si strict, ses traits tant tirés, son regard si fatigué, et par ailleurs portait-il une tenue de jais comme sa chevelure par dessus sa peau plus pâle que la lune, qu'il semblait que ce fut son expression naturelle. Cependant, cette fois-ci, il semblait que son front fut barré par plus d'inquiétude encore, et que ses lèvres étaient étirées en une grimace bien embarrassée. Le principal, assis à son élégant bureau de bois vernis orné de fioritures dorées, releva un oeil attentif vers le professeur de l'Académie, croisant les doigts devant lui avec un sourire amusé sur le visage. Il avait lui aussi cette manie de porter au dessus de sa barbes courte et soignée un air éternellement divertis, et son regard noisette pétillant ne laissait que difficilement deviner ses pensées dans de telles situations, bien qu'il fasse l'effort de toujours se tenir digne et droit, ses cheveux châtains tirés en arrière avec élégance, et son manteau bleu et or aux couleurs de l'établissement parfaitement bien porté, un foulard blanc rentré dans son col en guise de jabot. Le professeur afficha un air légèrement irrité, non pas à l'égard de son supérieur qu'il respectait plus que tout, mais face au fait accompli qu'une fois de plus il avait un train de retard sur les événements.

« Qu'est-ce qui te met dans un tel empressement, Conrad ?
-Monsieur, la nouvelle d'une nouvelle intégration m'est parvenue.
-Oh, tu veux parler de cela ? »

Le principal souleva une lettre qui se trouvait devant lui, l'air parfaitement innocent. Les lèvres de Conrad s'étirèrent en une grimace consternée.

« Très exactement...
-Je n'en ai pas tenu le corps enseignant au courant, ne s'agissant que d'une unique nouvelle arrivée. J'ai cependant préféré te faire parvenir un message comme ce nouveau-venu intégrera ta classe.
-Hors des périodes d'intégration ?
-Qu'il s'agisse d'une intégration ou d'une dizaine comme nous en avons coutume, cela ne devrait avoir grande importance, s'exprima le principal avec un sourire assuré. Il est parvenu à ma connaissance que ce jeune homme pourrait avoir un impact intéressant sur l'école. »

Le professeur releva un sourcil, s'approchant un peu plus du bureau pour s'éloigner de la grande porte en chêne qu'il avait ouvert à la volée un peu plus tôt. Il croisa les bras sur sa robe noire, laissant une de ses épaisses mèches danser sur son front après cette courte précipitée. De toutes façons, quel que soit le moment de la journée, sa chevelure ne restait pas réellement en place, ou plutôt n'était-il pas mieux coiffé que le reste du temps.

« Un impact ? Un autre fauteur de trouble ?
-Ne t'inquiète pas Conrad, ce ne sera pas la même chose qu'avec ton petit protéger, s'exclama le principal en riant. Cependant, je pense que certain de nos élèves pourraient avoir besoin de la présence de ce garçon. Si son entrée se passe bien... Nuntius ! »

Il souffla ce mot sur la lettre alors qu'elle échappait à ses mains, se pliant comme un origami dans les airs et se laissant porter par le vent ; la fenêtre derrière lui s'était ouverte, laissant l'air s'engouffrer dans la pièce et vers l'extérieur tandis que le message était porté au loin, le parchemin doré flottant comme un papillon dont l'emblème de tête de dragon étincelait au soleil.

« ... Son rôle pourrait apporter beaucoup à cette académie. »

Le message se laissa porter ainsi sur des kilomètres. Parfois, cette lettre parcourait le pays tout entier pour parvenir à l'héritier de cette nouvelle tant attendue. Elle pouvait partir un matin de la fenêtre du directeur, voler au dessus des mers et des prairies, ignorer des villes entières pour arriver dans une simple campagne paisible, flottant au dessus des paysans sans aucun pouvoir pour aller se glisser par une fenêtre ouverte dans la demeure de bois d'un jeune mage maladroit qui n'espérait plus d'entendre des nouvelles de la prestigieuse académie. Des grands noms y étaient passés : Durendal le dresseur de créatures magiques, Goldstein le concepteur d'outils enchantés, ou encore la cantatrice Crawford. Pourtant parfois, un simple anonyme pouvait voir la lettre voltiger dans un ciel orangé, descendre dans un vent tourbillonnant, retomber délicatement dans ce paysage lointain et venant se déplier d'elle-même sous les yeux ébahis du nouvel élève... Avant qu'elle ne s'exprime bruyamment d'une voix de vieillard en remuant le coin de papier sur lequel se trouvait le nom de l'intéressé sous l'emblème dessiné :

« Suis-je à la bonne adresse ? »

Le jeune homme était immobile. Le seul mouvement visible était ses yeux qui analysait chaque mot de cette lettre aussi inattendue qu'inespérée. Ses yeux s'ouvraient d'avantage à chaque phrase terminée, mais au fond, une peur certaine grandissait tout aussi vite...

« Et s'il s'agissait d'une erreur... et si cette lettre ne m'était pas destinée... »

La surprise était telle qu'il n'avait pas pris la peine de lire le destinataire de cette invitation. Un délicieux mélange d'espoir et d'angoisse se faisait sentir lors de cette lecture qui semblait durer une éternité. Finalement, ces sentiments explosèrent en une joie sans pareil à la lecture du nom qu'il espérait voir:


Avec un grand sourire, il se mis à sauter partout, en oubliant complètement son interlocuteur, avant de commencer à remplir un sac de livres, matériels scolaires, de linges, et de tout ce qu'il trouvait nécessaire à l'instant, avant de filer hors de sa chambre équipé de son bazar sur son dos. Une voix féminine, plutôt âgée s'élevait depuis le rez-de-chaussée.

« Pourquoi tu fais autant de bruit ?! Et où tu vas avec tout ça ?!
- JE SUIS ACCEPTE A GEDONELUNE !! Je pars sur le champs !! Je t'aime fort, je t'écrirais, promis~»

Criait le nouvel élève alors qu'il s'éloignait de plus en plus de son chez lui, pour sprinter vers la gare la plus proche, l'âme emplis d'espoir et déterminer à accomplir son rêve... et en abandonnant cette pauvre lettre dans sa chambre.

« JE SUIS ACCEPTE A GEDONELUNE ! Je pars sur le champs ! Je t'aime fort, je t'écrirais, promis~ »

Ce fut sur ces mots que le jeune homme fit son départ pour la grande académie de Gedonelune. Là-bas, il ferait des rencontres fabuleuses, apprendrait des choses merveilleuses, découvrirais des légendes incroyables et, sans doutes, à terme, rencontrerai l'âme-soeur avec laquelle il filerait le parfait amour...

« Attends... C'est pas ça du tout, attends ! »

La lettre, qui était tombée lentement sur le lit du garçon, se releva d'elle-même dans les airs et fila vers la fenêtre. Un violent coup de vent ouvrit celle-ci à la volée alors que le parchemin ensorcelé s'envolait de la maison, tranchant dans les airs le plus vite possible pour flotter jusqu'à son possesseur. Elle rattrapa tant bien que mal l'intéressé qui courrait, sans se soucier un seul instant d'avoir oublié le plus important dans toutes cette histoire : le papier qui confirmait son droit d'entrée dans l'Académie de Gedonelune qui battait désespérément des coins de page dans l'espoir de le rattraper. Cependant, l'élève courrait comme un beau diable, sans sembler ralentir, et très vite arriva dans une gare. Personne ne l'arrêta en chemin avant qu'il ne saute dans un train...

« Où tu crois aller comme ça, Eneth Dawnrise ?! »

Le parchemin se mis soudain à tousser après ce cri poussé de sa voix de vieil homme. Tant bien que mal, il avait réussi à atteindre le train avant son départ et à se glisser dans la rame avant la fermeture de la porte, son essoufflement résonnant dans le couloir vide qui séparait les compartiments du véhicule. Il s'enroula sur lui-même puis après quelques courtes secondes se déplia à nouveau, le haut du papier formant cependant un pli qui ressemblait presque à deux sourcils froncés avec sévérité.

« Ha... A quoi ça sert que je sois envoyé comme guide si les élèves m'ignorent à chaque fois... ha... ha... »

A nouveau la lettre d'acceptation s'étira proprement, comme reprenant consistance. Tant bien que mal après une course aussi endiablée... Ledit guide mit en avant tant que possible l'emblème qui ornait le coin du message, faisant briller l'encre dorée à la lumière orangée des ampoules : il s'agissait d'une tête de dragon très artistique, au regard étincelant, entre deux baguettes croisées et aux ailes étirées. L'emblème de l'académie royale, il va sans dire.

« Ha... Eneth Dawnrise, je... ha... T'annonce que tu es invité à... Attends, on est déjà dans le train ? »

Les bordures du papier retombèrent mollement de déception face à l'empressement qui avait rendu son discours complètement inutile. Il failli retomber à nouveau par terre mais se redressa tant bien que mal, reformant ses faux sourcils froncés en leur faisant faire un mouvement de vague en guise de jugement.

« Bon sang, sois un peu attentif jeune homme ! Ce genre de babysitting n'est plus de mon âge... Je ne t'ai même pas encore remis ton uniforme et ton emblème ! Est-ce que tu as au moins ta baguette ? »

« Bon sang, sois un peu attentif jeune homme ! Ce genre de babysitting n'est plus de mon âge... Je ne t'ai même pas encore remis ton uniforme et ton emblème ! Est-ce que tu as au moins ta baguette ? »

C'est à ces mots, alors que l'empressé allait ouvrir la porte de sa cabine, qu'il se souvint qu'il avait peut-être oublier quelque d'assez vitale pour son admission, comme par exemple, cette lettre, lui faisant la morale... Ce visage emplit de joie et de détermination, se changea petit à petit en celui d'un enfant ayant fait une bêtise, un mélange de culpabilité et d'embarra, alors qu'il se tournait doucement vers l'objet flottant.

« Je suis vraiment désole... Je-Je ne n'y croyait vraiment plus et la nouvelle m'a rendu tellement heureux, que j'ai oublier tout le reste... Aussi je pensais que tout ce qui est uniforme et emblème me serais donné une fois sur place... »

Il enchaînait justification sur justification, excuse sur excuse. Mais il avait encore oublier de se concentrer sur l'entièreté de la phrase, et ce n'est qu'après un instant qu'il réalisa le plus grave :

« Est-ce que tu as au moins ta baguette ? »

Ces mots raisonnaient dans la tête du jeune Eneth, alors qu'il réalisa qu'il n'avait peut-être pas le matériel de base pour accéder à la prestigieuse académie. Il se mit à fouiller ses poches.

« Est-ce que la baguette est vraiment obligatoire..? il n'y a pas d'autres alternatives..? »

Ne trouvant pas l'objet recherché, il posa son sac et commença à le vider au milieu du couloir du train, obstruant bien évidemment le chemin pour les autres passagers. Alors que les affaires s'empilaient, la peur et l'inquiétude disparurent en un soupire de soulagement, alors que l'insouciant sortait une boite en bois, très bien travaillée, couverte de petites dorures qui rendaient cette dernière unique, du moins à ces yeux. Avec un petit sourire, il se releva et se tourna une nouvelle fois vers la lettre.

« Parce que... la magie que je pratique ne nécessite pas une baguette. Du moins, je n'utilise pas de baguette pour l'utiliser... »

Il ouvrit alors la boite. A l'intérieur se trouvait une plume, une simple plume, la plus banale des plume manuscrite. Il l'a souleva délicatement hors de son coffret. L'outil se mis alors à changer. Une aura écarlate se mit à l'entourer, alors qu'à la pointe une légère lueur apparut. Eneth pris alors un air sérieux.

« J'utilise cette plume depuis que je pratique la magie. Elle se nomme Autem, elle est tout pour moi. Je comprendrait si la baguette est l'unique outil de magie utilisable à l'académie... dans ce cas, je rentrerai chez moi.
Mais je vous en prie, laissez moi une chance de vous montrer le potentiel de cette plume et de ma magie. »

Il regarda la lettre intensément, attendant une réponse de sa part, serrant sa plume contre lui, déterminé à vouloir se démarquer et rester fidèle à sa magie.

En un rien de temps le visage du garçon s'était teinté de culpabilité. Sa peau avait pâli et ses lèvres s'étaient mises à trembler alors qu'il tentait de se justifier. La lettre mima à nouveau des sourcils froncés dans un craquement caractéristique du vieux parchemin qui composait ce messager magique. Il semblait porter un jugement des plus sévères sur cette nouvelle recrue bien trop impatiente à son goût, ce n'était déjà pas facile de s'occuper des nouveaux arrivants en temps normal, si l'un d'entre eux se montrait à ce point incontrôlable en plus.

« Je suis vraiment désole...
-Ha !
-Je-je ne n'y croyais vraiment plus, et la nouvelle m'a rendu tellement heureux, que j'ai oublié tout le reste... Aussi je pensais que tout ce qui est uniforme et emblème me serait donné une fois sur place...
-Sans la lettre d'acceptation justifiant ton entrée, ce serait difficile ! »

Sur ces mots empreints d'une forte fierté, la lettre se rebiqua, bombant le papier comme si elle allait se mettre à briller. Cependant, lorsque le garçon se mit à fouiller furieusement dans ses poches à les en retourner, un vent de panique passa à la fois sur le visage d'Eneth et sur la surface de la Lettre d'Acceptation.

« Attends, tu as bien pris ta baguette quand même... ?
-Est-ce que la baguette est vraiment obligatoire... ? Il n'y a pas d'autres alternatives... ?
-Et avec quoi comptes-tu lancer tes sorts, jeune impertinent ! »

La lettre se mit à s'agiter furieusement alors que le garçon jetait son sac à terre et en déversait le contenu entre deux compartiments. Un passager qui semblait vouloir sortir du sien manifesta son mécontentement de grondements sourds mais leva les yeux avec un soupir exaspéré en voyant la lettre d'acceptation, retournant sur son siège en attendant que l'ingénu ait fini de regagner la confiance de son guide. Un soupir de soulagement coupa le parchemin dans son tourbillon rageur, le faisant se redresser brusquement avec une forme d'air outré. Il se déplia proprement cependant en voyant le garçon lever un boîte, qui aurait pu être caractéristique d'une baguette magique en vérité. La boîte était longue et fine, dans un bois vernis élégant et portait des ornements en peinture dorée. Elle était un peu large par rapport à un écrin de baguette classique, mais qui se souciait de ce genre de détails ?

« Parce que... La magie que je pratique ne nécessite pas une baguette. Du moins, je n'utilise pas de baguette pour l'utiliser...
-Hm ? »

Le parchemin descendit pour se mettre à hauteur du garçon agenouillé au milieu du train. Au milieu du galop de la machine, on put entendre le déboîtement du couvercle de la boîte vernie. A l'intérieur, sur un coussin propret et protecteur, se trouvait une plume. Large et longue, elle était extrêmement soignée, chaque barbe qui la composait était soigneusement reliée à l'adjacente, formant une goutte majestueuse autour de l'élément central qui, à sa pointe inférieure, était appointé et ornementé de sorte à pouvoir en permettre l'usage manuscrit. Eneth le prit délicatement entre ses doigts devant l'attention de la lettre d'acceptation, et un aura écarlate vint confirmer la présence d'un élément magique. Probablement, pensait le golem parchemin, que l'objet était composé en partie du bois magique qui était utilisé pour les baguettes...

« J'utilise cette plume depuis que je pratique la magie. Elle se nomme Autem, elle est tout pour moi. Je comprendrais si la baguette est l'unique outil de magie utilisable à l'académie... Dans ce cas, je rentrerai chez moi.
-...
-Mais je vous en prie, laissez moi une chance de vous montrer le potentiel de cette plume et de ma magie. »

La lettre resta plongé dans un silence profond. Evidemment, la baguette magique n'était pas le seul outil que les sorciers avaient à leur disposition. Certains, parmi les plus reconnus, faisaient usage de grands bâtons et sceptres, et beaucoup favorisaient des outils magiques pour les usages les moins courants. D'autres académies enseignaient aussi d'autres usages magiques, l'Académie de Gedonelune était connue notamment pour enseigner l'usage des magies arcaniques et symphoniques. La plume, cependant, restait un usage plus rare, mais rien n'en empêchait le développement dans l'Académie, sinon Eneth n'y aurait jamais été invité. Mais la curiosité pris le pas sur le caractère informatif alors que la lettre d'acceptation prenait un peu de hauteur.

« Voyons un peu ceci ! »

A ces mots, le papier décrivit un cercle autour des affaires délaissées du garçon. Quelques vêtements, quelques objets personnels, mais un beau fatras au milieu de ce couloirs déjà suffisamment étroit comme cela. Le parchemin s'éloigna un peu comme en guise de distance de sécurité et indiqua par la même occasion un compartiment vide proche.

« Tu connais quelques tours ? Essayons de voir ce que tu peux faire pour ranger tout ça dans ton sac et amener ça à ton compartiment. Je vais être gentil, je te donne la formule. »

Il y eut un bruit de craquement semblable à un raclement de gorge, et la lettre clama :

« Ô vents du voyage, portez ce fardeau au loin ! Elato Ventus ! A toi mon garçon, et reste attentif pour ne pas tout envoyer valser. »

« C'est le moment, il n'y en aura pas d'autre pour montrer de quoi je suis capable... »

C'est avec cette pensée en tête qu'Eneth pris une grande inspiration, l'expulsa lentement, et commença, Autem en main, à écrire de sa plus belle calligraphie l'incantation donner par son guide devant lui:


Le regard de la lettre, lui mettait serte une certaine pression, mais il prit sur lui et termina l'incantation sans encombre. La phrase flottait devant lui, d'un écriture assez belle et de couleur noir comme l'encre. Le jeune homme fit alors un geste de la main, la plume caressant chaque lettre, qui se mirent à tourner et à fusionner, leur couleur nuançant jusqu'à obtenir un blanc légèrement foncé, le tout se transformant en un vent tourbillonnant. L'écrivain devînt alors chef d'orchestre, puisque c'est avec de légers mouvement de plume qu'il dirigeait ce sort, qui suivait chaque gestes, chaque instructions reçues. La brise souleva alors chaque vêtements, chaque livres, ainsi que toutes les affaires qui été au sol pour les déposer tant bien que mal dans le sac leur propriétaire, dégageant petit à petit le chemin, laissant désormais la place aux divers passagers de se mouvoir librement à l'intérieur du véhicule. Maintenir le sort, le guider précisément commençais doucement à user le poignet et la concentration du jeune mage, qui utilisais pour la première fois ce sort. Néanmoins, une fois les affaires rangées, et toujours à l'aide du sort, il ouvrit lentement la porte de sa cabine, avant d'y déplacer son sac. il comptait juste le déposer, mais le geste de la main, trop brusque, fit que cela ressemblait plus à un jet qu'un dépôt. Après un léger soupire d'exaspération, il fit s'enrouler le vent autour de lui, remonter le long de son corps pour rapidement se détendre et se rafraîchir, avant de le dissiper, d'un geste sec de son outil magique. Sa représentation terminée, il se tourna vers son juge, se massant doucement le poignet.

« J'imagine que vous avez connu des sort lancé plus efficacement, voir tout simplement, mieux lancer... Mais j'espère que cela suffira vous satisfaire... »

Eneth avec un petit sourire, désolé de ne pas avoir pu faire mieux, mais satisfait malgré tout, d'être parvenu à remplir l'objectif qu'on lui avait donner. Il coinça alors sa plume dans ces cheveux, juste au dessus de l'oreille, la couleur écarlate de cette dernière se démarquant du brun sombre de sa tête, avant de s'avancer vers la lettre et placer ces deux mains sous cette dernière, comme pour lui faire un siège, attendant que son guide s'y installe, avec un grand sourire.

« Vous devez être fatigué, après tout ce voyage, surtout avec la course que je vous ai imposé. Donc laisser moi vous transporter dès à présent, si vous me le permettez bien-sûr. Nous pourrons continuer dans la cabine, bous serions plus à l'aise. »

Il n'avait aucune idée si le maintient du sort qui enchantait la lettre épuisait son lanceur, ni si tout ces déplacements en faisait tout autant. Mais que sois par pardon, par gentillesse ou par pur respect, il voulait se rendre utile comme il le pouvait. Il attendait alors la réponse de celui qu'il avait malmené jusque là.